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Indwe - Afrique du Sud
24 août 2012

Trois incidents ont marqué ces « devoirs faits en

Trois incidents ont marqué ces « devoirs faits en commun » à Kliptown

 

Premier incident

 

En attendant l’arrivée des écoliers métis dans la salle de l’église, deux filles, d’environ 14 ans, et moi, allions explorer discrètement quelques abris les plus proches. Dans une de ces masures nous avons rencontré une famille alcoolique, le père, secoué d’une toux tuberculeuse et crachant sans cesse par terre ; un petit garçon, parmi les autres enfants, il avait environ 6 ans, était malade, cela se voyait ! La mère, qui sentait aussi la boisson forte, nous a dit que le petit avait plein de vers dans les sels. Ces personnes n’avaient aucune initiative semblait-il… nous avons cherché et trouvé une espèce de pharmacie pour un premier remède d’urgence, et nous avons indiqué à la mère, l’endroit du dispensaire assez proche ; elle disait n’en rien savoir… Les enfants blancs ont spontanément pris en charge cette famille avec la générosité typique de cette jeunesse sud-africaine, impulsive, désorganisée lorsqu’elle se manifeste hors système. Moi-même, qui suis une femme pas très organisée, je n’y voyais pas d’inconvénient au contraire. J’étais édifiée. Et j’encourageais. Et j’étais naïve…

 

Les enfants apportèrent des sacs de cadeaux, de nourriture, de vêtements, de toutes sortes de choses. Leur superflu, mais quand même ! C’était trop, il fallait partager avec d’autres familles.

 

C’était une très mauvaise méthode. Nous avons eu des problèmes de jalousie, de distribution, d’agression. Il m’a fallu expliquer pourquoi cette méthode était fausse et il a fallu nous borner à venir à Kliptown à égalité avec ceux qui n’avaient rien. Ce fut difficile à comprendre pour tout le monde, y compris par les parents des élèves.

 

Si les missionnaires s’étaient rendus dans les pays de  Mission  à égalité avec les pays à « évangéliser », une mentalité plus saine se serait développée des deux côtés

 

J’ai été revoir cette famille toute seule. D’abord, la santé de l’enfant s’était rapidement améliorée, et puis la maman revint avec le petit et les vers dans les sels, exigeant cette fois, que je lui donne de la nourriture. Ce que je ne pouvais faire avec régularité. J’ai contacté le Centre d’aide sociale qui était sensé couvrir la région de Kliptown, mais cette maman ne voulait pas s’y rendre. Aucune volonté de se prendre en charge, aucun reste de dignité. Et de plus, c’était du chantage qu’elle faisait sur le dos du petit garçon. Il fallait une autre approche, une autre méthode et j’ai misérablement échoué : ces gens m’en voulaient, à moi et aux enfants riches. Avec raison peut-être. Nous nous sommes bornés aux « devoirs en commun » et ça marchait bien.

 

Deuxième incident

 

Après les « devoirs en commun », nous revenions à Victory Park, parfois sales, et nous avions ramassé des puces et des poux. L’hygiène de Kliptown ne pouvait être celle de Victory Park, parce que l’Etat négligeait l’assainissement des townships et les gens n’y pouvaient rien. Cela nous a au moins permis de prendre conscience de la différence des situations. Mais les parents des écoliers de Victory Park, les enseignantes/ enseignants et mes consœurs ont dit : « ça suffit ! ». (En anglais : “Enough is enough !”)

 

Troisième incident:

 

Quelques écoliers de Victory Park se sont liés d’amitié avec des copains/copines métisses et noirs et ils les ont invités à venir chez eux, dans leurs résidences blanches et fortement bourgeoises. La maman viendrait les chercher et les ramener. Cela a posé de gros problèmes au sein des familles de Kliptown ainsi que de celles de Victory Park ! Pas de solution, sinon garder vivant les rêves irréalisables ou les laisser s’évanouir comme des bulles de savon. J’étais consternée. Ines et moi n’avions pas prévu ces difficultés.

Mais l’urgence de s’attaquer au système d’apartheid de plein front faisait naître en nous une énergie nouvelle. Pour qu’un rêve devienne réalité, prier signifie s’engager et en assumer les conséquences.

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