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Indwe - Afrique du Sud
24 août 2012

Mais revenons à l’hôpital : Aux soins « intensifs

Mais revenons à l’hôpital :

Aux soins « intensifs »

A l’époque, il n’y avait pas de secteur pour soins intensifs ni continus à Frere Hospital. J’étais dans une petite chambre, toute seule avec une infirmière en permanence à mes côtés. Quand elle s’assoupissait, la nuit, je la veillais. Il paraît que ma tête était grosse comme un ballon de foot. Je ne mangeais pas à cause du « bird respirator ». On me nourrissait au goutte à goutte (drip). Combien de temps je suis restée dans le coma « on and off » ou dans la semi inconscience, je ne sais pas. Je me souviens qu’on a amené un appareil à radiographier dans cette chambre et qu’on a glissé des plaques sous le matelas. Je ne sentais pas mon corps. Je ne me souviens pas des prélèvements de peau qu’on a fait au bras gauche et au mollet de la jambe gauche pour essayer de greffer cette peau sur la large plaie de la cuisse. Je n’ai pas de souvenir de cette opération mais je me souviens clairement de la peur qu’avaient les médecins, peur qu’une veine ou une artère importante, disait-ils, proche de l’articulation de la hanche gauche fut touchée ou s’infecte. Je les entendais parler et j’essayais de comprendre. Il fallait tout faire pour que cette plaie ne s’infecte pas. Ils ont tout fait. Ils ont réussi

Etat crépusculaire ou « Twilight state »

crepuscule

 

Je n’avais pas encore de douleurs ; ça viendrait quand le corps revivrait et qu’on arrêterait je ne sais quel « coupe douleur ».

Je vivais dans un « no man’s land »  avec d’étranges expériences de vie. Par exemple j’entendais distinctement dans le couloir de l’hôpital, maman qui demandait à me voir, elle demandait le chemin, la porte…  « Laissez-moi la voir ! » alors que maman était au Jura. J’entendais des sœurs anglicanes psalmodier des prières et j’entendais un tintamarre de cloches qui sonnaient…je croyais être en Angleterre ! Mystère !

Le plus étrange : j’ai assisté, sans rien voir, en entendant tout, à l’information que donnait le Father O.H, (ce prêtre était le supérieur à la Mission) à son évêque, sur le fait que lui, (O.H) m’avait envoyée à St John of the Mountain…

Et ce qui était arrivé au retour. Etrange. Aucune émotion apparente. Rapport de faits. Aucune envie de ma part d’intervenir, c’était comme entendre un dialogue de fantômes à la voix officielle et caverneuse…derrière une espèce de rideau rouge brunâtre. Aucune émotion de ma part, aucune envie d’intervenir, ces deux personnages étaient dans un autre monde.

Le plus étrange de tout, parfaitement incompréhensible : j’ai entendu, ou plutôt j’ai assisté à un débat, dans une salle communale je pense, quelque part au Jura, sur la question de l’autonomie politique jurassienne. Une dizaine de protagonistes de différents bords débattaient de la question jurassienne avec leur accent français jurassien. Je ne savais presque rien de l’actualité de ce problème politique dans mon pays natal. Je ne voyais rien et j’entendais et je comprenais tout. Aucune possibilité de communication mais je n’en ressentais pas le manque. J’apprenais. Etrange ! J’aimerais vérifier ce qui s’est passé et en quel endroit ! C’était peut-être des Béliers, qui sait ? Dans tous les cas, c’était très animé.

En vivant des expériences, je ne ressentais aucune émotion, aucune envie de communiquer, j’étais comme spectatrice détachée d’un autre monde.

Plus tard, quand j’ai pu parler avec les médecins, j’ai raconté ces faits étranges. Ils m’ont dit que j’avais été dans ce qui se nomme « la conscience crépusculaire » , en anglais  « twilight state of consciousness ».  Un flottement de l’âme et de l’esprit entre deux mondes. Selon eux, cet « entre-deux » existe bel et bien. Mais je n’y crois pas forcément ni ne l’absolutise. C’était peut-être le choc et les puissants anti-douleur. Peut-être que certaines drogues créent de tels états de flottement. Je ne sais pas.

Ma foi est que je crois que ces deux mondes, matériel et spirituel, sont organiquement liés dans un état de devenir continu ! Le Créateur n’a pas créé le monde une fois pour toute ! Avec nous, Il continue de créer et de recréer ! Et nous avec Lui ! Et nous flottons souvent entre le Vendredi Saint et la nuit lumineuse de la résurrection !

Je ne sentais pas mon corps. Ma récente expérience à l’hôpital orthopédique de Lausanne est, qu’en Suisse, on administre parcimonieusement les anti-douleurs. Mais la réalité est différente.

Lors des émergences, je contemplais le bout de mes doigts tout flétris. C’était, m’a-t-on expliqué plus tard, un début de gangrène, idem pour les orteils. Je les regardais comme des choses tout à fait hors de moi.

bébé

 C’est pas mes pieds, mais presque

Pour communiquer, alors que j’étais branchée à l’appareil respiratoire, les infirmières m'ont apporté un bloc-notes et un crayon. Là, je dessinais et j’écrivais mes questions et eux, médecins et infirmières, écoutaient en lisant, ils souriaient, ils riaient parfois et me répondaient de vive voix ! C’était alors moi qui répondais à leurs questions avec autant de petits dessins, comme dans une BD. J’ai pris plaisir, et eux aussi je sais, à ce genre de communication. C’était rigolo. It was fun ! Pourquoi ne pas avoir conservé ces bouts de papier ? Autant en emporte le vent… la vie allait de l’avant. Le personnel soignant - même si c’était un très grand hôpital – ne paraissait pas stressé. On aurait dit que les médecins, les infirmiers/ères et les employés/es travaillaient par plaisir, un plaisir tout humain ! il semblait y avoir une relation amicale entre eux et les malades.

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